Salut!
"Soyons réalistes, exigeons l'impossible"
@+!!
Yann Ozoux
Président de la HCT
Ca y est la HCT reprend du service, après la
longue et traditionnelle pause estivale permettant a ses membres de
faire la saison... canyon!! Et oui, pas le temps de sécher qu'on repart
déjà sur nos projets associatifs.Vous ne pensiez tout de même pas qu'on
allait s’arrêter après l'expé Chamje Khola?
Je dois avouer
quand même que cette expédition a profondément marqué tous ses
participants et ce n'est finalement qu'avec le recul que l'on se rend
compte de ce qu'on a réalisé. Je ne veux pas donner ici l'impression que
je nous jette des fleurs ou de me vanter mais il aura réellement fallu
le temps de récupérer de la fatigue physique et mentale, de "reprendre
une vie normale", de regarder encore et encore les photos, les images,
de repenser a ce qu'on a vécu, de discuter entre-nous, avec nos proches
et bien d'autres choses encore pour mesurer l'impact qu'a eu cette
expérience collective extrême sur nos vies.
Après coup et
avec un peu de distance, elle me semble presque irréelle, comme
suspendue au dessus du flot de mes souvenirs.C'est l'expérience la plus
marquante, la plus éprouvante, la plus dure et la plus belle que j'ai
vécue a ce jour. J'en ai tiré de la force mentale, de l'assurance et une
meilleure connaissance de moi-même, indiscutablement. J'ai aussi pas
mal réfléchi a ce qui nous a pousse a nous confronter a ce monstre, et
plus largement a ce qui nous pousse a vouloir découvrir l'inconnu et
explorer des terrains vierges. A la mort aussi, c'est lié... Rien de
bien nouveau dans ce contexte finalement et je n'ai bien sur pas trouvé
de réponse a ces questions sauf que je ne les avais jusqu'alors
appréhender qu'indirectement et donc de façon abstraite, a travers mes
lectures, des discussions ou l'expérience de copains explorateurs. La
j'en ai concrètement ressenti les implications, dans ma chair et dans
mon esprit, comme le galet s'enfonce inexorablement au fond d'un lac...
L'engagement a réellement été total pendant une bonne
partie de cette ouverture : aucun moyen de sortir du canyon en cas de
pépins et aucun secours a espérer. Avancer ou crever, simplement. Pas
d'hélitreuillage possible au Népal et vu l'encaissement du canyon, un
largage de nourriture ou de matériel médical par helico aurait été
vain...Si l'un d'entre nous s'était blesse entre le moment ou l'on est
rentré dans l'étroiture géante et le milieu du deuxième jour, nous
aurions certainement du nous poser la question suivante : on essaye de
le sortir en mettant gravement en péril la vie des 10 autres équipiers
ou on l'abandonne? En sachant en plus que nous sommes tous liés par de
très forts liens d'amitiés... Vous feriez quoi vous dans une telle
situation? En fait je me rappelle m'être dit : "si un copain tombe,
faites qu'il se tue, ca sera plus facile a gérer", car je ne pense pas
que je l'aurai abandonne s'il s'était blessé... Non, en fait je n'en
sais rien... Par contre ce dont je suis quasiment sur, c'est que l'on ne s'en serait
pas sorti si on avait du transporter un blesse dans Chamje Khola. Les gens qui me connaissent savent ce que je pense de la religion, mais dans Chamje, j'ai prié. Bouddha. Comme quoi...
C'est très différent de penser des situations et de les
vivre. La pensée lorsqu'elle précède l'action permet de l'anticiper et
d'en atténuer l'impact mais on est finalement toujours surpris car les
choses ne se passent jamais (bien évidemment) complètement comme on
l'avait imagine, pense, lu ou entendu. Et particulièrement lorsque l'on
se confronte a la nature vierge et sauvage. L'implacable de la réalité.
L'absolu du présent. Et toujours la démesure, la puissante, la bonté et
l'indescriptible beauté de la Nature. Et derrière tout ca l'imparable et
unique constat possible : il faut assumer. Car personne ne nous a
obligé a venir, a être là a se les geler loin de chez soi et de sa
famille en se demandant si on va mourir ou non. On l'a voulu. En
faisant un choix. Alors même que tout ca ne sert absolument a rien... Et
encore, moi je n'ai pas d'enfants, et je suis célibataire. Lio, Rod,
Jean-Luc, Laurent, Sam et Kabindra sont chefs de famille. Pour sur
d'autres points de vue...
Ca peut paraitre un peu "too much" comme discours mais
c'est je crois ce qui m'a le plus marqué dans cette expérience : le fait
d'avoir a un moment donné (lors du premier bivouac en fait, alors que
l'inaction permet à la pensée de vagabonder et de s'auto-torturer) été
obligé de me résoudre simplement à "faire confiance". De m'en remettre à
"quelque chose". Pleinement et entièrement. A moi, à mon corps, a mon
esprit, a ma volonte, a la vie, au destin, au hasard, a la chance, a
Dieu, aux copains, a la nature... Que sais-je?... L'important a consisté
à trouver un moyen de combattre la peur, le froid (saloperie parmi les
saloperie!), la fatigue, l'inconfort, l'impossibilité de dormir, et
surtout le doute, qui tue l'action dans la démotivation et est dans ces
moments la je crois le pire ennemi de l'homme... Parce qu'il est
transmissible... Dangereusement.
D'ou l'importance des
copains, du groupe et de la connerie qui fait rire et réchauffe le corps
et l'âme. C'est le plus important finalement pour moi dans cette
histoire : avoir vécu tout ça avec les potes. Dieu merci (décidément, encore lui), ils étaient la!!!
On est plus fort a plusieurs lorsque chaque individu est capable de
mettre au moment opportun ses compétences de spécialistes au service de
l'équipe et de comprendre qu'il y a des gens plus compétents que lui
suivant les situations. Et je vous assure que ce ne sont pas que des mots!! Compétence et savoir faire, fiabilité, humilité, esprit d'équipe, solidarité, solide amitié, volonté de fer, engagement et résistance mental et physique,
confiance en soi, en l'autre, en la réussite, en la vie!! Il faut tout
ca (au moins!) pour réaliser de telles aventures et vivre de semblables
expériences.
Bref je ne sais au fond toujours pas pourquoi j'ai voulu aller la
bas, et encore moins pourquoi malgré la difficulté extrême de
l'expérience, j'ai adoré ça, alors même que j'aurai réellement pu y
rester. Peut être justement parce que j'en suis revenu ;-)?! Parce que
je pense que la vie est trop courte pour ne pas être vécue
pleinement?... Que les rêves sont faits pour être réalisés? Que c'est
nous qui construisons par nos actes notre bien être et notre bonheur?
Surement un peu de tout ca.
Je vous souhaite en tout cas de réussir dans tous vos projets et qu'ils
vous apportent plein de bonnes et belles choses. En attendant le film de
Laurent Triay pour vous faire partager en images cette aventure...
"Soyons réalistes, exigeons l'impossible"
@+!!
Yann Ozoux
Président de la HCT
ça me fait trembler ce que tu as écrit, Yann, mais c'est tellement juste !
RépondreSupprimermerci
Rod
Mettre des mots sur des ressentis, pouvoir les faire vivre suffisamment fort, suffisamment juste pour les partager avec ceux qui ne les vivent qu’à travers vos récits, vos photos, votre film ou vos yeux encore pleins d’émotions… mais aussi nous aider à comprendre ce qui peut tant vous pousser vers ces expéditions extrêmes, vers ces retranchements où la frontière entre la vie et la mort peut être si mince… nous faire partager cette extraordinaire aventure humaine, cette force de l’Amitié capable de rivaliser avec la force toute puissante de la Nature tout en la côtoyant dans ses retranchements les plus redoutables. Mais bon, n’oubliez pas, on vous aime… heureux certes mais vivants !!!
RépondreSupprimerBen