Jeudi 31 mars 2011. Au petit matin, Rod, Yann, Mathieu et Jean Luc partent en éclaireurs à travers la dense forêt de bambous pour trouver et baliser une voie de sortie. L’impressionnante pente impose parfois d’équiper des « main-courantes » en fixe afin de sécuriser les traversées de talweg entrecoupant les vires descendantes.. 3 heures plus loin, nous nous retrouvons à l’aplomb du bivouac intermédiaire où l’équipe médicale composée de Cécile, Frank, Adrien, Ivan et de deux porteurs doit nous attendre. Il nous faudra encore 1h30 de désescalades scabreuses sur des pentes à plus de 75° d’inclinaison et une série de rappel dans la « bartasse » avant de rejoindre le bivouac tant espéré, 200m plus bas. Rod et Matthieu sont les premiers à toucher le sol. A leur grande surprise, seuls deux porteurs sont là pour les accueillir.
Mais où est l’équipe médicale ? Seul un mot écrit à la main permet d’enlever le flou sur cette inexplicable situation. En fait, pour d’obscures raisons d’intérêts financiers, et ce, malgré 2 heures de palabres quelques jours plus tôt avec le chef du village de Mipla (passage obligatoire pour l’accès au bivouac intermédiaire), le vieillard est revenu sur son accord et a refusé de laisser passer l’équipe de secours. Seuls les porteurs avec les vivres, les poulets, le « cubi de rouge » et le téléphone satellite ont été autorisé à passer.
Heureusement, aucun accident grave n’a nécessité l’intervention d’un médecin ou le déclenchement d’un secours… Les duvets, le matériel médical et la civière, quant à eux, avaient été acheminés une semaine plus tôt avec le matériel technique, prévu pour l’enchaînement éventuel de la partie inférieure, à savoir 15 kg de cordes, 1 perfo et 1 accu de rechange plus quelques poignées d’amarrages.
A notre arrivée au bivouac, nous sommes accueillis par Rod et Matthieu tenant à la main un verre de rouge, une cloppe et une assiette de poulet pour chacun. Nous oublions quelques instants ce que nous venons de vivre : le banquet peut commencer !!!
Heureux comme des papes et l’estomac gavé jusqu’à la gorge nous chantons, nous nous exclamons et sautons de joie. On dévore tout ce qui nous passe sous le nez. Rien ne reste.
Nous savons qu’il nous reste encore 400m de dénivelé positif jusqu’au col et 1600m de descendante avant d’en finir totalement et d’arriver au village de Jagat, notre camp de base. Nous voyons cela comme dérisoire au regard de ce que nous venons de traverser. En tout cas, il est évident que l’autre option, la descente par la partie inférieure et ses 15h de progression, est reportée à une prochaine fois : on a tous eu notre dose !!
Rassasiée, la petite équipe s’endort pour quelques heures au bord de la rivière avant de repartir définitivement. Tout le matériel est redescendu à Jagat. Matthieu se surpassera avec une charge de plus de 25kg sur le dos ! Vers 15h, toute l’équipe est en bas, saine et sauve : la fête peut commencer !!
"Qui cherche, trouve" (Toujours un proverbe HCT !)
Texte : Jean-Luc
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